Plan de la chapelle du couvent des Bernardines à Orgelet (Jura)Au cours du renouveau des ordres religieux du XVIIe siècle, après le Concile de Trente, une communauté de Bernardines s’installe à Orgelet. C’est en effet en 1652, qu’un groupe de six religieuses originaire d’Annecy [1] arrivent à Orgelet, après un difficile voyage, décrit ainsi par Désiré Monnier : « Un essaim de Religieuses de l’ordre de saint Bernard sorti de la ruche d Annecy se jetait en 1652 sur le Jura […] S’étant égarées entre Moirans et le défilé du pont de la Pile, elles se trouvèrent bien attardées quand elles arrivèrent sous les murs de la ville d’Orgelet, petite place encore fumante de son dernier incendie, encore toute poudreuse de ses démolitions, encore toute souffrante des plaies de la guerre. C est à cette ville que les chastes colombes venaient demander un nid parmi les ruines […] elles se groupèrent sur le chemin en face de l’ermitage et elles se prirent à chanter en chœur un hymne en l’honneur des saints Anges afin de se rendre propices les Anges de la ville qu’elles venaient habiter [2].

Façade de la chapelle du couvent des Bernardines à Orgelet (Jura)La municipalité met à leur disposition dans la grande rue la maison Petitjean dans laquelle elles développent leur institution. Ces religieuses cloîtrées déçoivent un peu la municipalité qui espérait qu’elles assureraient l’enseignement des jeunes filles. Au début du XVIIIe siècle, elles décident de construire un couvent dont les plans sont établis par Dom Duschene, bénédictin à Besançon. Il est formé de quatre bâtiments de trois niveaux organisés  autour d’une cour intérieure doublée d’un cloître dont la chapelle ferme le coté nord.
Une vingtaine de contrat, conclu entre 1708 et 1717, conservés aux archives départementales, décrivent les travaux menés par des italiens, Genolti et Bunder pour la maçonnerie, le lédonien Sermet pour la charpente et Picard de Saulieu pour les vitrage [4].

Au milieu du siècle, le couvent accueille une quarantaine de religieuses issues de milieux aisés, originaires de Franche-Comté et de Bresse ; certaines d’entre-elles sont cloîtrées suite à des lettres de cachet.

Chapelle du couvent des Bernardines à Orgelet (Jura)Le couvent est fermé à la Révolution et devient bien national sous administration du district. La chapelle est utilisée par la société populaire alors que le reste du bâtiment devient un entrepôt de matériel militaire et une maison de détention des suspects [3].
En 1802, il accueille une école secondaire, puis en 1810 l’école primaire de garçons et en 1812 l’école ecclésiastique du département. Le grand séminaire s’y installe de 1826 à 1828.
En 1850 s’installe une école supérieure communale avec un internat. Sous la 3ème République, les écoles primaires et maternelles s’installent avec coupure du cloître pour isoler filles et garçons. L’école de garçons s’adjoint un cours complémentaire qui devient mixte en 1904. Au milieu du XXe siècle, la gendarmerie occupe le bâtiment des pensionnaires.
Collège d'Orgelet (Jura)En 1988, suite au déménagement des écoles primaires dans un nouveau groupe scolaire, le bâtiment est restructuré et entièrement rénové par le département pour continuer à accueillir le collège. En 1994, le collège prend le nom de « Michel Brezillon » en hommage à ce préhistorien réputé qui passa une partie de sa vie à Orgelet.
La chapelle, dont la façade est classée « monument historique », est elle aussi rénovée et accueille désormais la médiathèque intercommunale qui est également le CDI du collège : un bel exemple de mutualisation des ressources.

 

BIBLIOGRAPHIE
[1] Annuaire du Département du Jura pour l'année 1849, p 407, Désiré Monnier, Imprimerie Auguste Javel, Arbois
[2] Traditions populaires comparées, Désiré Monnier, 1854
[3] Orgelet, cité comtoise de caractère, L.Laurent, M. Brezillon, G.Bidard, 1992
[4] Orgelet, vive, forte et robuste, Centre jurassien du Patrimoine, 2008