Éducation physique pour les scolaires dans les années 1930

Pendant les premières décennies du XXe siècle, la gymnastique, les exercices physiques étaient au programme des classes primaires et si les « maîtres » le respectaient, les « maîtresses » bien souvent l'ignoraient. Il n'existait par de salle convenable pour ces activités ; en plus les enseignants disposaient de peu de matériel. La cour, par beau temps, servait de terrain d'exercices composés d'équilibre sur un pied, de sauts à cloche-pied, de gesticulations, de flexions du corps et toujours de mouvements de coordination insupportables comme celui, rotatif de la main droite sur la tête tandis que la main frappait en cadence la poitrine.

En temps de pluie, la leçon se faisait dans la classe, à côté de la table et on imitait avec réussite le maître qui, lui, tentait en vain de toucher l'extrémité de ses pieds sans plier les genoux. La véritable éducation physique se faisait librement, à la récréation quand les garçons jouaient à saute mouton, aux barres ou à l'ours, les filles à la corde ou à la marelle ou bien les jours de congé scolaire quand les écoliers montaient vingt fois de suite à l'assaut de la Colline du Château, sautaient par dessus les murs des jardins en terrasse ou dirigeant leur cerceau - une jante de vélo - qui dégringolait la pente vers la place au Vin.

Une partie de basket dans la cour du collège d'Orgelet en décembre 1940Il semblerait donc que dans ces première années du XXe siècle, on ait oublié l'attrait que représentait la gymnastique pour la génération précédente. En effet en 1873, le conseil municipal « appréciant les avantages des exercices de gymnastique est disposé à contribué aux frais d'établissement d'un gymnase dans les bâtiments de l'école de garçon ». Il fournira tout le bois nécessaire - valeur 94,40 centimes - et 50 francs en espèces. Le surplus de la dépense serait supportée par l'État et le département. Ce gymnase n'a probablement jamais été réalisé, les délibérations du conseil municipal dans les années suivantes n'en soufflant mot.

Et il faudra attendre après guerre avec la transformation de la Grenette en salle des sports baptisée Gymnase Theron du nom du président de l'Association sportive de l'époque pour que les écoliers puissent trouver un refuge doté de trapèzes de barres fixes, d'agrès, de cordes, d'un cheval d'arçon, de barres parallèles, une profusion d'appareils qui décidera même les adultes à s'en servir une fois par semaine.

A peu près à la même époque le stade de la Grange-Magnin trop éloigné d'Orgelet était abandonné et naissait un complexe tout près de la ville route de Moutonne. Un stade de football avec des vestiaires (du jamais vu !), un terrain de basket autour duquel courait une piste que les scolaires foulaient si vite que les chronomètres prenaient des extra systoles ; un sautoir adéquat qui multipliait les performances en hauteur, comme en longueur, une aire de lancer qui s'érodait sous le nombre de poids qui la bombardaient.Tentatives de grimper à la corde et d'équilibre sur barres parallèles pour deux filles du cours complémentaire d'Orgelet

Ah ! c'était bien terminé le calvaire des leçons d'éducation physique dans la cour du bas de l'époque d'avant-guerre ou près du portique éphémère érigé au dessus du boulodrome actuel ! Oh ! ces grimper de corde pendue à une branche de marronnier pour les filles engoncées par décence dans des tenues peu pratiques et qui s'intéressaient plus aux soubresauts de leurs jupes ou de leurs longs shorts qu'à la position de leurs pieds sur la corde et pour les garçons aussi qui craignaient que leur ascension rapide provoque la rupture de l'attache !

Et ces bonds dans le sautoir à l'orée du jardin scolaire, presque sans élan, avec pour ennemi cet élastique tendu entre deux poteaux branlants qui cisaillait les jambes et les ligotait quand le saut était raté. Et ces barres parallèles artisanales sur lesquelles on s'écartelait pour tenter des sorties qui n'avaient de spectaculaire que l'ampleur des culbutes ; ces jets de poids qui changeaient de trajectoire pour frôler la tête d'imprudents camarades, et ces sprints sur la Promenade de l'Orme qui se terminaient par une chute par dessus le mur !

Hélas l'athlétisme ne plaisait guère aux Orgeletains et les appareils disparurent l'un après l'autre du bâtiment que continuèrent à fréquenter seulement des élèves du primaire et les collégiens pour des exercices au sol.

André Jeannin
Article paru dans Le Progrès