Au début du XXe siècle, il y avait une école primaire à Merlia

La municipalité orgeletaine a mis en vente à Merlia hameau d'Orgelet, le bâtiment qui, jadis, abritait l'école... Mais qui se souvient encore qu'à l'aube du XXe siècle des petits écoliers étudiaient dans cette grande salle délabrée de l'édifice vétuste ?

L'école primaire de Merlia au début du XXe siècleIls sont encore quelques survivants de cette époque revolue qui brandissent leur relique de carte postale retrouvée au fond du tiroir à souvenirs qui présente la classe de Mlle Desarbres en 1918, à la fin de la guerre. Des écoliers, comme ceux d'aujourd'hui, avec en plus les sabots et les gros bas de laine, des écoliers originaires du hameau très peuplé ou de quelques moulins situés sur la Valouse et qui devaient apprendre rapidement les éléments de lecture, de français, d'écriture et de calcul, car les cours n'étaient donnés que de novembre à mars pour qu'au printemps les enfants puissent s'engager comme bergers...

Pas question dans ces conditions pour les enseignantes Mme Berthier (1914-15) qui finira sa carrière comme institutrice d'école maternelle à Orgelet, Mlle Petetin (1915-1917), Mlle Desarbres (1918-1919) et Mlle Cabaud (1920-21) de conduire les plus âgés de leurs élèves au certificat d'études, d'autant plus que la fréquentation scolaire n'était guère respectée malgré la loi Ferry.

Les plus doués quittaient donc très jeunes encore l'école du village pour les grandes classes d'Orgelet et le certificat obtenu, étaient admis au cours complémentaire... Aussi les effectifs diminuèrent rapidement si bien que l'école n'ouvrira plus ses portes à la rentrée de novembre 1922... et depuis les croisées ne se sont plus jamais ouvertes sur des voix d'enfants.

Alors, à pied, les petits écoliers de Merlia, musette au dos garnie du repas de midi, ont parcouru les 3 km aller et retour du trajet du hameau au chef-lieu. Et si, à la belle saison, ils musaient par les chemins buissonniers, l'hiver, emmitouflés dans de chauds vêtements, mais les doigts gourds cependant, quand la route n'était pas encore déneigée, ils faisaient claquer leurs sabots ferrés, sur le talus de la voie ferrée, là où le train en passant avait fait fondre la neige. Courageux petits écoliers d'autrefois... mais vous étiez privilégiés tout de même car vous étiez capables d'apprécier le feu ronflant dans le poêle de fonte rougie ou les bruyantes glissades en sabots, le long de la route, en regagnant le logis.

André JEANNIN
Article paru dans Le Prorgès