CADET ROUSSEL (1743 - 1807)
Enfant d'Orgelet, personnage fantasque immortalisé par une chanson

Fils de Jean Baptiste ROUSSEL, boucher, puis tanneur et enfin cavalier de la maréchaussée, et de Marie Pierrotte GIRARD, Guillaume Joseph ROUSSEL alias " CADET ROUSSEL " vit le jour à ORGELET dans une maison vraisemblablement située dans le bas de la Rue de la Fontaine - actuellement Rue de la République - le 30 Avril 1743 [1]. Il fut selon l'usage baptisé le même jour et eut pour parrain Guillaume Joseph BAUD, huissier au Bailliage d'Orgelet (dont la mère était Claudine GIRARD) et pour marraine Anne-Marie JACQUIN peut-être grand tante maternelle .

Quelle fut son enfance ? Sans doute partagea-t-il les jeux de Claude Antoine son frère de deux ans son aîné et de sa soeur Catherine dont nous ignorons l'année de naissance. Le collège d'Orgelet lui donna certainement l'instruction dispensée à cette époque aux enfants et jeunes gens des familles de notables, bourgeois, marchands, maîtres tanneur et autres.

Son oncle, Claude André ROUSSEL, maître tanneur le choisit pour être parrain de son fils le 27 Juillet 1761 et la signature de Guillaume Joseph, âgé de 18 ans est déjà presque identique à celle apposée sur un acte 12 ans plus tard.

Alexisse GIRARD, soeur de sa mère, est l'épouse de Mathieu Joseph GOY, huissier en Bailliage à Orgelet. Avec un parrain et un oncle huissier il est vraisemblable que Guillaume Joseph ait connu au moins les rudiments de cette profession dès sa jeunesse, ne serait ce que par l'environnement familial. Peut-être même a-t-il déjà des notions plus approfondies du métier d'huissier.

Son père meurt le 18 Avril 1762 âgé de 48 ans. Cadet ROUSSEL a 19 ans. Que devint sa famille ? A quelle date quitta-t-elle Orgelet pour Paris et pour quelle raison ? Autant de questions auxquelles nous ne pouvons répondre.

Un acte GENEAUD du 22 Avril 1773 nous apprend que ce jour là Claude Antoine ROUSSEL, cavalier dragon volontaire dans la Légion de Soubise en garnison à Tournon dans le Vivarais, accompagné de son oncle, Mathieu Joseph GOY qui a délaissé Orgelet pour résider à Coligny et qui est à cette date huissier en la Chancellerie de Bourg en Bresse, est à Orgelet. Deux procurations datées du 22 Mars 1773 accompagnent cet acte. L'une émane de Marie Pierrette GIRARD veuve de Jean Baptiste ROUSSEL et de son fils Guillaume Joseph, l'autre de Catherine ROUSSEL épouse de Julien PETIT, chef de cuisine à Paris. Ces procurations donnent pouvoir à Mathieu Joseph GOY pour la liquidation des biens qu'ils possèdent encore à Orgelet.

Les circonstances et la date exacte de l'arrivée de Cadet ROUSSEL à Auxerre nous sont inconnues. Sur la procuration du 22 Mars 1773 il dit habiter Paris et en être Bourgeois Dans quel sens faut-il l'entendre ? Est-ce une de ses facéties ?

Il est certain que lorsqu'il présente sa requête au Lieutenant Général du Bailliage d'Auxerre le 8 Mars 1780 pour l'Office de premier huissier audiencier au Bailliage et Siège Présidial d'Auxerre, qui lui accordée par sa Majesté le 15 mars 1780, il demeure dans cette ville depuis plusieurs années. Il s'était marié avec Jeanne SERPILLON son aînée de seize ans dont la dot dit-on avait permis l'achat de sa charge d'audiencier.

Dans son livre sur CADET ROUSSEL paru en 1945, Pierre PINSSEAU nous conte la vie de Guillaume Joseph ROUSSEL à Auxerre où il serait arrivé en 1763. Il s'y place d'abord comme domestique et laquais puis comme clerc d'huissier.
Sa nomination en 1780 comme huissier audiencier lui assure désormais un revenu décent. L'année suivante il achète une petite maison biscornue à laquelle il ajoute au dessus d'un vieux porche une construction en forme d'étroite loggia. Drôle de maison! Il est jovial, bon vivant, un peu excentrique, mais jouit de la sympathie de ses concitoyens.

Partition de la chanson de Cadet RousselEn 1792 Gaspard de Chenu auxerrois notable, auteur de chansons spirituelles et satiriques tournant gentiment en dérision Guillaume Joseph écrivit sur l'air de Jean de Nivelle qui possédait tout en triple, la chanson de CADET ROUSSEL Celle-ci ne semble pas devoir dépasser les limites de la localité, mais les volontaires auxerrois la portent avec eux à l'armée. Les soldats l'adoptent avec enthousiasme et elle devient le chant de l'armée du Nord. Elle devait par la suite se répandre dans toutes les classes de la société.

Guillaume ROUSSEL bénéficie alors d'une popularité de bon aloi. A Auxerre il est un bon sans-culotte qui suit le mouvement révolutionnaire, peut-être un peu trop d'ailleurs Après un passage en prison en 1794/95 il limite prudemment son activité à ses fonctions d'huissier.

Veuf de Jeanne SERPILLON le 14 Janvier 1803, il se remarie, après un court veuvage, le 20 Avril avec Reine BARON nièce et héritière de sa première épouse, de 23 ans sa cadette.

Il meurt à Auxerre , sans postérité, le 26 Janvier 1807 immortalisé par la chanson. On chante encore aujourd'hui et on chantera sans doute encore longtemps ses populaires trois maisons.

Sources

  1. Registres paroissiaux, Archives départementales du Jura