Jean Baptiste Urbain DEVAUX (1767-1836)
Général du Premier Empire
C'est le 25 Mai 1767 que naquit à Orgelet Urbain DEVAUX [1], fils de Philibert Hyacinthe DEVAUX, procureur au Bailliage, et de Louise Béatrice Reine MAILLET, elle-même fille de Gilbert MAILLET, procureur du Roi de la Ville. Riche héritière de l'Abbé Hubert Claude MAILLET son oncle, Madame DEVAUX donnera à son époux onze enfants, cinq filles et six garçons dont Urbain est le second.
De la jeunesse de ce dernier on ne sait rien sinon qu'il a commencé ses études au collège de la Ville lequel comptait alors trois classes : l'une pour l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul puis deux autres pour la latinité. Influencé peut-être par les nombreuses incursions en ville des armées du royaume : grenadiers, chasseurs, canonniers et mineurs qu'il fallait héberger et dont les officiers paradaient en uniformes chatoyants, le jeune Urbain s'engagea le 16 Novembre 1787 à l'âge de 20 ans dans le régiment du Roi, devenu le 18ème régiment de Dragons. Espérait-il ainsi faire une brillante carrière alors que les plus hauts grades étaient réservés à la noblesse ?
Son destin allait bientôt être marqué par la profonde désorganisation de l'armée qu'entraîna l'émigration des officiers de l'Ancien Régime. Le moment était venu d'ouvrir les portes de la hiérarchie militaire aux jeunes soldats valeureux. C'est ainsi que le jeune orgelètain se retrouve aide de camp volontaire du général Barral à l'Armée des Alpes le 1er septembre 1792 et est nommé sous-lieutenant au 11ème régiment de Cavalerie le 1er janvier 1793.
L'avancement est alors rapide : promu aide de camp titulaire le 10 Janvier, il est nommé le 27 mai chef du 2ème Bataillon des Côtes Maritimes dans l'Armée des Pyrénées Orientales sous les ordres du général Dugommier. Et le 25 décembre 1793 les représentants du Peuple en mission à l'armée lui confèrent à titre provisoire le grade d'adjudant général chef de brigade.
Blessé à la cuisse droite lors de l'attaque de la redoute de Puysanglier contre les espagnols, et souffrant de douleurs rhumatismales, il est autorisé, le 24 Octobre 1794, par son général à se rendre à Orgelet "pour se faire traiter et prendre l'air natal". Le 17 Novembre le général Dugommier était tué au terrible combat de la Montagne noire. Urbain Devaux séjourna à Orgelet jusqu'au 22 Février 1795 et entre temps, il s'était rendu à la maison commune le 19 Novembre 1794 pour présenter son congé justifié par un certificat de officiers de santé portant la signature de Dugommier et frappé du sceau de la République, une et indivisible. La France est alors en proie à des insurrections que la Convention réprime avec violence. Le 26 mai et le 1er juin des " terroristes" sont assassinés à Lons-le-Saunier.
Après avoir repris du service et été placé pour un temps, le 13 juin, en marge de l'organisation des états-majors, il est remis le 27 juillet à la suite de la 14ème demi-brigade de l'Infanterie de Ligne et autorisé à se rendre dans ses foyers le 1er mars 1796 en attente de nouveaux ordres.
Promu chef d'escadron le 25 mars il est affecté le 27 avril à Dunkerque en qualité d'adjudant général chef de brigade auprès du général Quantin. Libéré de ce service le 7 février 1797 il est admis au traitement de réforme le 7 Novembre et autorisé à servir à Saint Domingue. Il n'y donnera pas suite.
Le coup d'état du 18 Brumaire et la seconde campagne d'Italie allaient relancer sa carrière après trois années d'inactivité. Le 13 avril 1800 il est à l'Armée d'Italie et nommé le 13 juin chef d'état-major de la 6ème Division, puis le 9 juillet de la Division des Alpes. Le 30 août il se retrouve sous chef d'état-major de l'aile gauche de l'Armée. Le 4 janvier 1801 il est chef d'état-major de la Cavalerie légère, puis le 27 avril de la Division Debelle ce qui le fait confirmer dans l'organisation des adjudants commandants de l'état-major de l'armée le 3 août de la même année.
La paix de Lunéville entre la France et l'Autriche entraîne pour Urbain Devaux sa mise en non activité le 13 novembre 1801 avec l'autorisation "à passer à Saint Domingue" où les vélléités d'indépendance de Toussaint Louverture vont provoquer l'envoi par Bonaparte d'un corps expéditionnaire commandé par le général Leclerc époux de Pauline Bonaparte. Urbain Devaux y est affecté le 24 mars 1803 et mis à la disposition du général Rochambeau qui a succédé au général Leclerc terrassé par la fièvre jaune à Cap Français. A ce moment, Pierre Bouchard, découvreur de la Pierre de Rosette, et lui aussi enfant d'Orgelet se trouve également à Saint Domingue où il a affronté avec sa famille les ravages de la fièvre jaune. Vingt et un mille hommes allaient périr de maladie et sept mille dans les combats qui entraînèrent la capitulation de la France.
Urbain Devaux va être blessé une première fois à la jambe droite le 14 mai 1804 lors de l'affaire de Santiago de Los Cavalleros [4] et au cou à l'attaque de La Vega. Il avait été affecté le 27 août 1803 au département de la Marine et sera autorisé à rentrer en France le 23 janvier 1804.
Rétabli dans le tableau de l'état-major de l'armée le 27 juillet 1805 il est nommé chef d'état-major de la 3ème division de dragons le 20 septembre 1805 et servira à ce titre en Autriche, en Prusse et en Pologne avant d'être affecté auprès du général Grandjean le 12 Avril 1807 au Corps d'observation de la Grande Armée.
Le 12 Février 1808 il est à nouveau placé en disponibilité pour être nommé le 19 mars chef d'état-major de la Division Chabran au Corps d'observation des Pyrénées Orientales. L'armée impériale est alors confrontée à de grandes difficultés. Napoléon a donné à son frère Joseph la couronne d'Espagne, mais dès le mois de mai un soulèvement populaire a embrasé le pays. Madrid capitulera le 4 décembre mais la guerre s'éternisera, immortalisée par les célèbres tableaux de Goya. Les combats opposant les meilleurs généraux de Napoléon à Wellington se poursuivaient encore lorsque Urbain Devaux commandait les troupes de la garnison de Barcelone [5] et où il fut promu le 6 août 1811, général de brigade [6][7]. Il y restera jusqu'au 28 juin 1813, l'armée française en retraite repassant la Bidassoa le 2 juillet.
Touché par une ophtalmie[8] contractée en Catalogne qui allait se traduire bientôt par une cécité complète il fut mis en congé et admis à une pension de retraite de 4.000 francs par ordonnance du 9 décembre 1815. Sa carrière s'interrompit alors qu'il n'avait que quarante huit ans. Promu Officier de la Légion d'Honneur le 25 novembre 1813 il fut aussi fait Chevalier de l'Ordre de la Fidélité de Bade et Chevalier de Saint Louis le 11 octobre 1814 lors de la Première Restauration. Il s'était retiré à Paris n'ayant pas fondé de foyer. Cependant, il avait eu un fils Marie Charles Urbain Devaux, né à Barcelone le 4 Octobre 1812 d'une liaison avec Marie Hélène Balls jeune espagnole de Figaroa en Catalogne. Il en fit la déclaration à la mairie d'Orgelet le 16 décembre 1812 aux fins de transcription dans les registres d'Etat Civil. Ce n'est que le 30 juillet 1835 que sera célébré à Paris le mariage du général et de Marie Hélène BALLS.
Le général Urbain Devaux, officier exemplaire et sans doute bon organisateur et stratège, puisque affecté durant bon nombre d'années en qualité de chef d'état-major auprès de généraux prestigieux, s'éteignit à Paris le 23 Juillet 1836.
Son fils, Charles Urbain, qu'un acte du notaire CHARNAL du 31 mars 1840 qualifie d'employé des Postes à Paris, va résider à Orgelet de façon certaine de 1860 à février 1871. Il y fut conseiller municipal, puis maire du 11 novembre 1863 au 15 août 1870, moment où se situe la chute du Second Empire et la proclamation de la IIIème République. Étant bonapartiste, il dut céder son siège à Jean Baptiste Moussey en intérim (1870) puis à Louis Joseph Michel Bondivenne (1871/1872). Il est vraisemblablement retourné ensuite à Paris où il est sans doute décédé.
A. et G. BIDARD
Sources et bibliographie
- Archives départementales du Jura, acte de naissance dans les registres paroissiaux d'Orgelet
- Ministère de la guerre - Archives administratives
- Louis Laurent, Le général Urbain Devaux
- François Dalencour, Biographie du général François Cappoix, 1956, ISBN 9782307078906
- Diario de Barcelona, 1er août 1811
- Diario de Barcelona, 5 décembre 1812
- Historique du 93e régiment d'infanterie, Georges Duroisel, 1893
- Tarragona en la guerra de la independencia, page 80