Tricentenaire du couvent de Bernardines
DISCOURS DE Mme Chantal LABROSSE, Maire d’Orgelet
Collège Michel Brezillon – Samedi 18 septembre 2010
Monsieur le Sénateur et vice-président du Conseil Général, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Monsieur le Président de la Communauté de Communes, Monsieur le principal, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, Mesdames et Messieurs les enseignants et personnels du collège, Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un réel plaisir d'être parmi vous aujourd’hui pour célébrer le tricentenaire de ce bâtiment communal à l’histoire mouvementée, qui a vu passer entre ces murs des générations d’Orgelétains. Comme beaucoup d’entre eux, je reviens toujours avec nostalgie dans ces lieux, où se trouvent des souvenirs d’enfance, du temps où flottaient entre ces murs des odeurs de craie et d’encre violette, et où le grincement des plumes alternait avec la répétition des tables de multiplication.
Mais avant d’évoquer la fonction éducative à laquelle ce bâtiment est voué depuis deux siècles, je voudrais préalablement rendre hommage aux femmes qui ont mené le projet de construire ce couvent. Ces journées du Patrimoine sont en effet particulièrement bien choisies pour célébrer ce tricentenaire, qui s’adapte parfaitement au thème de cette année : « quand femmes et hommes construisent l'Histoire »
L’origine des Bernardines à Orgelet remonte au milieu du XVIIe siècle, lorsque la municipalité cherche à s’inscrire dans le mouvement du renouveau des ordres religieux de cette époque. Les esprits étaient alors partagés entre le projet d'appeler des religieuses de sainte Ursule et celui de recevoir des sœurs de saint Bernard d'Annecy. Ces dernières, dans une délibération de 1652, l'emportent d'une voix sur les Ursulines. Les Bernardines s’engagent à donner gratuitement l'instruction aux jeunes filles de la ville et promettent de faire un don de 100 pistoles à la ville d'Orgelet pour rebâtir le clocher de la mère église et faire remonter les cloches.
La Ville met à disposition de la congrégation la maison Petitjean située dans la grande rue, mais les relations avec la municipalité se tendent lorsque les religieuses se cloîtrent sans assurer l’enseignement des jeunes filles, comme elles l’avaient promis.
Au début du XVIIIe siècles, les Bernardines décident de construire un couvent dont les plans sont établis par Dom Duchesne, bénédictin de Besançon. La première pierre de construction est posée le 12 mai 1708 ; on confie la maçonnerie à des artisans italiens et la charpente à un menuisier lédonien. En tout, c’est une vingtaine de contrats de travaux qui sont établis entre 1708 et 1717, et le budget initial est largement dépassé.
La fonction monacale du bâtiment dure moins de 80 ans, puisqu’à l’issue de la Révolution, le couvent devient un bien national. Il est transformé en entrepôt de matériel militaire et maison de détention des suspects, avant d’accueillir en 1802 les écoles secondaires.
En 1803, l’Etat cède à la Ville le couvent qui devient alors un lieu d’enseignement : on y place en 1810 l’école primaire de garçons, et en 1812 l’école ecclésiastique du département. Le grand séminaire s’y installe de 1826 à 1828. En 1850 une école supérieure communale avec un internat est créée. Sous la 3ème République, les écoles primaires et maternelles s’installent avec coupure du cloître pour isoler filles et garçons. L’école de garçons s’adjoint un cours complémentaire qui devient mixte en 1904.
En 1988, suite au déménagement des écoles primaires dans le nouveau groupe scolaire, le bâtiment est restructuré et entièrement rénové par le département pour continuer à accueillir le collège. C'est en 1994 que celui-ci prend le nom de « Michel Brezillon » en hommage à ce brillant préhistorien qui a passé une partie de sa vie à Orgelet, notamment sa retraite.
Actuellement, une convention lie la commune au département pour la mise à disposition du bâtiment afin d’abriter le collège ; cet édifice n’en demeure pas moins une propriété communale à laquelle la municipalité reste très attachée.
La commune ne peut que se féliciter de la rénovation qui a été entreprise par le département, et souhaite que ce cadre exceptionnel demeure le lieu d’enseignement secondaire de notre localité et des villages aux alentours. Souhaitons que la démographie de notre région permette de maintenir pour longtemps cet établissement.
J’espère également que les équipes pédagogiques qui officieront dans ces murs au cours des prochaines années seront toujours aussi qualifiées et dynamiques que celle qui nous propose aujourd’hui cette manifestation à l’occasion de ce tricentenaire.
Au delà, la municipalité considère que la culture est le prolongement de l’éducation, et, à ce titre, j’attache aussi beaucoup d’attention à la chapelle qui constitue la partie nord du bâtiment. Ce remarquable édifice, dont la façade est classée "Monument Historique" depuis 1927, n’a pas toujours connu l’intérêt qu’il mérite : il fut successivement lieu de théâtre, salle de sport ou entrepôt de stockage.
Il a fallu attendre 2002 pour que cette chapelle désaffectée soit utilisée pour un vrai projet culturel, grâce à sa rénovation en médiathèque intercommunale. Le seul regret de la municipalité reste que le magnifique autel en stuc de cette chapelle ne soit pas encore restauré.
En conclusion, espérons que de tels travaux de restauration seront prochainement entrepris, et qu’à cette l’occasion nous aurons encore une fois l’occasion de tous nous retrouver pour célébrer ce remarquable édifice.
Une nouvelle fois, je dis ma gratitude à tous ceux qui œuvrent dans ce bâtiment : enseignants, personnels administratifs, agents techniques, pour que ce lieu d'enseignement et de culture soit une des fiertés de notre ville.
Je vous remercie.