Au temps où existait une "Union vélocipède orgelétaine"
De nos jours, la pratique de la bicyclette est revenue à la mode. Les cyclistes et les cyclotouristes (il y a, paraît-il, une nuance), pendant leurs moments de loisirs, parcourent les routes de la région sur des bijoux de bicyclettes, légères comme de la plume, aux multiples braquets. Sophistiqués aussi les maillots et les shorts qui épousent le corps comme une seconde peau pour diminuer l'emprise du vent...
Les hommes et les femmes — très nombreuses — qui pratiquent ce sport ne cherchent pas l'exploit. Les kilomètres parcourus permettent de rester en forme, de ne pas prendre trop rapidement du ventre pour les messieurs, de ne pas grossir ni récolter de la cellulite pour les dames ; un gage d'élégance en quelque sorte. Plus difficiles sont les parcours VTT par les sentiers boueux des bois sur de solides vélos à multiples vitesses et à pneus crantés. La section VTT du Foyer rural organise des sorties dominicales en groupes. Les adeptes reviennent à midi ; crottés, exténués par une saine fatigue.
Au début du siècle
Ces passionnés de la bicyclette savent-ils qu'au début du XXe siècle existait à Orgelet - une société cycliste dénommée « Union vélocipède orgeletaine », qui groupait dix coureurs licenciés. Vêtus d'un collant noir qui leur arrivaut aux genoux, d'un maillot tricoté ceint de la chambre à air de rechange, coiffés d'une casquette à large visière, ils enfourchaient de lourds vélos aux guidons en forme de cornes de taureaux retournées.
Les champions de l'UVO participaient à des courses départementales, et certains —en particulier Paul Daloz, le plus doué — remportèrent quelques succès méritoires. La société comptait de nombreux responsables qui accompagnaient les coureurs et n'hésitaient pas à fixer à leur bras gauche le brassard du commissaire de course.
Cette société locale ne survivra pas à la guerre 1914-1918. Il est vrai que l'UVO lui paiera un lourd tribut : trois commissaires, MM. Jules Putin, Georges Jeannin et Georges David, et trois coureurs : Robert Lamy, Jean Thorembey et Valéry Daloz en furent victimes.
Par les raccourcis
Il faudra attendre les années qui ont suivi la seconde guerre pour voir se dérouler à Orgelet des courses cyclistes. Elles appartenaient au folklore local et se déroulaient le lendemain de la fête patronale du 15 août, organisées par le Comité des fêtes. Y participaient les vétérans de la localité.
Retroussant leurs pantalons, chevauchant des vélos de tout acabit, ils s'élançaient d'abord pour une course contre la montre sur l'itinéraire Orgelet-Beffia aller et retour, et puis l'après-midi pour une course en ligne d'une trentaine de kilomètres. Les commissaires devaient ouvrir l'oeil, car ces cyclistes étaient des roublards qui connaissaient bien les raccourcis qu'ils empruntaient sans pudeur pour arriver premiers.
Article d'André Jeannin paru dans le Progrès