Des associations sportives disparues

Les activités sportives et culturelles sont nombreuses de nos jours à Orgelet. Les jeunes ont le choix entre le football, le tennis, le judo, le VTT, les boules, la pétanque, le badminton, le basket. Mais ils peuvent aussi chanter à la Tourgelaine, jouer d'un instrument à la Fanfare-batterie des sapeurs-pompiers, prendre des cours à l'école de musique. Alors on s'interroge sur ce que pouvaient bien faire les générations jeunes il y a quelques décennies. Et on se rend compte qu'ils avaient le choix entre de multiples activités disparues aujourd'hui.

L'Union vélocipédique d'OrgeletAinsi avant la guerre de 1914-1918 existait une association dynamique, l'Union vélocipède riche d'une douzaine de coureurs licenciés possèdant un vélo dit de course, sans changement de vitesse, très lourd, aux guidons en forme de cornes de taureau retournées, aux gros pneus avec chambre à air. Il fallait être costaud pour participer aux compétitions départementales, mais on courait en équipe et on favorisait les échappées des champions locaux Paul et Valéri Daloz... D'ailleurs tous ces coureurs étaient choyés et conseillés par des responsables compétents, des commissaires de course dévoués. Ce club fut éphémère; il ne se remit pas du lourd tribut payé à la guerre : trois commissaires (Jules Putin, Georges Jeannin, Georges David) et trois coureurs (Robert Lamy, Jean Thorembey et Valéry Daloz) en furent les victimes.

Les frères Reverchon, Marel (à gauche) et Jean, en 1922Le Football-Club orgeletain doit sa naissance en 1923 à MM. Maurice Gerdil et René Ligier. Il n'était en fait qu'une section de la société de tir et de préparation militaire présidée par M. Broutechoux. A cette époque, les futurs conscrits consacraient leur dimanche matin à un entraînement physique dirigé généralement par un gendarme. Il aboutissait à un brevet de préparation militaire qui donnait quelques avantages pendant le temps d'incorporation. Comme l'épreuve de tir était obligatoire, l'entraînement se faisait à la Baraque du tir, route de Lons.

De là, on tirait au Lebel, direction Mont-Orgier sur une cible à 250 mètres au moins que maniait un commissaire terré dans une tranchée qu'on soupçonne encore maintenant bien que l'exubérante végétation se plaise à la faire disparaître. Le va-et-vient des énormes cibles, le mouvement giratoire d'un cercle blanc métallique entouré d'un chiffon blanc qui indiquait les touches, l'agitation fébrile du drapeau tricolore qui signalait la « mouche » ou du drapeau blanc qui avertissait de la sortie de l'homme de la tranchée, monopolisaient les regards de ceux qui s'agitaient à proximité de la baraque... Et puis d'exercice militaire le tir devint une activité dominicale à laquelle pouvaient se livrer tous les orgeletains désireux de prouver leur adresse et d'emporter les prix attribués aux concours organisés... Ceux-ci terminés les gamins fouillaient les environs de la fosse pour trouver les balles en cuivre qu'ils allaient revendre au père Laroche le ferrailleur local. La guerre de 1939-45 mit fin à ce loisir.

C'est bien avant cette guerre que sombra aussi la section d'athlétisme du Football-Club ... Pas de moniteurs, un entraînement individuel et pourtant des orgeletains ont brillé dans certaines spécialités : Victor et Robert Girod sautaient à la perche, Jean Reverchon courait le 100 mètres, Alcide Daloz et Jean Michaud le 3000, Marius Morin et Chorier lançaient le disque, Zéphirin Roland et Henri Masson le poids ; Marcel Reverchon préférait le saut en hauteur. Cette équipe remportait des succès dans les compétitions départementales et il y avait foule au terrain, route de Merlia quand les épreuves avaient lieu à Orgelet.

Pour palier la disparition de l'athlétisme, il fut créé pendant la Seconde guerre une section gymnastique. Les premiers entraînements eurent lieu dans la salle de cinéma. Et puis avec l'autorisation de la municipalité, la Grenette fut transformée par les footballeurs, en gymnase Theron (du nom du président du football de l'époque). Des lames de parquet mobiles cachaient les attaches des barres fixes, des échelles, des cordes, des trapèzes mobiles descendaient du plafond tandis que des barres parallèles, un cheval d'arçon n'apparaissaient qu'au moment des entraînements dirigés au début par Paul Bouillet qui avait pratiqué ce sport à Saint-Claude... L'engouement pour ces exercices fut éphémère et la Grenette devint salle de danse... Enfin, il faut se souvenir de l'équipe de basket « Les trois épis » du cercle catholique et de la fanfare municipale qui eut son temps de gloire !

André Jeannin
Article paru dans Le Progrès le 17 décembre 1993