En suivant pendant cent ans la fanfare municipale

La fanfare d'OrgeletElle se nomme de nos jours "Batterie-fanfare des sapeurs pompiers" et c'est un mariage réussi de la clique de jadis, créée avant la dernière guerre par par Albin Farinetti et rattachée à l'Union sportive (football et athlétisme), et de l'harmonie municipale, on ne connaît pas exactement la date de naissance. Ce qui est certain, c'est qu'elle existait déjà le 11 février 1877 sous le nom de « fanfare orgeletaine » puisqu'on peut trouver facilement la copie des statuts déposés à cette date en préfecture.

Registre des délibération de la fanfare d'OrgeleteLes articles de ces statuts sont au nombre de douze et ressemblent à ceux d'autres associations en ce qui concerne les adhérents-actifs et honoraires la composition du conseil d'administration et du bureau, la façon de les désigner. C'est le maire Etienne Thimotée Vaillant qui procédera à l'élection du premier bureau avec pour scrutateurs MM. Antoine Mathieu, Louis Grandclément, Paul Girard et Alphonse Amye. Trente-quatre membres actifs et honoraires participèrent au vote et furent élus, Amédée Goy (32 voix) nommé président Lucien Wishoffe (29 voix) qui sera vice-président, Chanet Louis (29 voix), deviendra secrétaire trésorier et seront membres : Bouquerod Philippe fils (28 voix), Gadant René (25 voix), Donnange Auguste (19 voix) et Prat Victor (18 voix).

Carte de la fanfare d'OrgeletCertains articles des statuts seront modifiés au fur et à mesure que s'écouleront les années, d'autres seront ajoutés en particulier en relation avec la discipline ; pour ne citer par exemple que l'exclusion pour ceux qui se présenteront en état d'ivresse aux répétitions ou aux exécutions en public. Mais c'est peut-être l'additif du 19 avril 1927 qui surprend le plus. Il s'adresse aux membres exécutants qui doivent sur la convocation du chef de musique :

- assister aux funérailles de tous les membres honoraires et ce, sans rémunération de ladite fanfare ;
- assister aux funérailles des personnes non membres honoraires, moyennant la contribution d'une somme de 200 francs versée par la famille de la personne décédée, dans la caisse de ladite fanfare ;
- assister aux funérailles de tous les membres du conseil municipal d'Orgelet.Concert de la fanfare sur la place de la mairie d'Orgelet

Les principales ressources de l'association proviennent des membres honoraires. En effet si en 1913, ils étaient 86, leur nombre est passé à 206 en 1921 (soit un Orgeletain sur six) et la somme globale recueillie était d'environ 700 francs. Les autres ressources englobent une subvention communale très variable selon les années, les bénéfices d'une loterie annuelle, de l'organisation de théâtre concert à la chapelle comme en 1886, les dons après obsèques, ou de généreux sponsors (l'ancien maire M. Vernier allouera 1000 francs, somme très importante à l'époque).

Lettre de la SACEM à la fanfare d'Orgelet en 1913Les dépenses comprennent surtout l'achat d'instruments (avec la participation du conseil municipal) de morceaux de musique, d'insignes, de consommations après les concerts, de frais de déplacements, de droits d'auteurs. (La SACEM existait déjà avant la guerre de 1914-18). Et on retrouve, dans les dossiers une lettre de réclamation de cette société menaçant l'association locale de 0,40 F d'amende, si elle n'acquittait pas dans les huit jours le montant de 2,20 F dû pour les années 1911-1912).

Pendant la guerre, la Société musicale enverra 10 francs aux musiciens mobilisés. Ils seront treize en 1914 à percevoir cette obole ; le nombre diminuera hélas, au fil des années de guerre. Mais la fanfare n'a pas attendu cette guerre pour se montrer généreuse envers certains instrumentistes et les inciter à persévérer ; en effet dès 1879, tous les ans, le jour de la Sainte-Cécile, deux livrets de la Caisse d'épargne de la valeur de 20 et 10 francs seront distribués solennellement aux deux musiciens « exécutants » qui auront le moins d'absence. La fanfare municipale cessera ses activités en 1969. Mais ce n'est qu'en 1985 que son actif qui se montait au total de 4 668,53 F fut remis à la clique des sapeurs-pompiers qui, grâce aux chefs Capiod et Salvi, deviendra la batterie fanfare très appréciée dans la localité.

André Jeannin
Article paru dans Le Progrès le 28 janvier 2001