Football de 1923 - 1940 : trois terrains successifs mais toujours des équipes d'un bon niveau

Aujourd'hui, les scolaires et les footballeurs ont à leur disposition, route de Moutonne un stade qui comprend plusieurs terrains, un vestiaire avec douches et salle de réunion des pistes pour s'entraîner. Ce stade permet aussi de pratiquer le handball, le basket et tennis. Cet ensemble sportif n'a pas toujours été situé où il se trouve actuellement, et son aménagement n'a pas toujours été si complet qu'aujourd'hui.

En 1923, deux patrons tanneurs Maurice Gerdil et René Ligier, fondaient le FCO (Football-Club Orgeletain). Le tout premier terrain a été loué à un cultivateur propriétaire Elisée Daloz. Il était situé en bordure de la route d'Arinthod et permettait la pratique du football mais on y organisait aussi des compétitions au cours desquelles les athlètes locaux se mesuraient aux champions d'autres associations. Ce terrain avait été choisi avec bon sens d'abord à proximité de la ville - les quartiers périphériques n'existaient pas encore - proche aussi de l'atelier de mécanique de Alcide et Paul Daloz, qui servait de vestiaires, le terrain en étant démuni. Il jouxtait aussi la tournerie Rousset - plus tard Roland - où travaillaient la plupart des footballeurs de l'équipe première qui profitaient de la moindre pause pour « aller taper » dans le ballon.

Les jours de match, les joueurs se donnaient rendez-vous dans l'atelier-vestiaire pour passer leur tenue sportive : short blanc et maillot rouge et ils gagnaient pied le terrain où les attendaient de nombreux supporters car la quinzaine de footballeurs locaux étaient considérés comme des dieux qu'honoraient des fidèles toujours optimistes malgré les défaites... Car au début les derbies contre Clairvaux, Pont-de-Poitte, Conliège et les longs déplacements à Arc-et-Senans, à Baume-les-Dames dans le camion à ridelles, à bandages et non bâché du marchand de bois Girod ou plus tard dans les véhicules de l'Albin et du « Pootte » David se soldent bien souvent par une défaite.

De gauche à droite : en haut M. Reverchon (dirigeant), Victor Fieux (capitaine), Hubert Girod, Louis Masson, Henri Masson, Jean Reverchon, Victor Girod, Alcide Daloz. En bas : Chorier, Marius Morin, Chappez, André Jeannin, Duraffourg.Et puis en 1926, l'équipe devient championne de son groupe battant Poligny sur terrain neutre à Champagnole. Ce fut un match mémorable suivi par une foule de supporters orgeletains qui avaient mobilisé toutes les automobiles existant. Et le peu d'Orgeletains qui vivent encore et se rappellent de cette équipe, la meilleure d'avant-guerre évoque les dribbles déroutants du buteur André Jeannin, dit Zizo (mon oncle) la sûreté en défense de Fieux, la rapidité de Zozi.

Et puis le terrain fut transféré pendant quelques années aux « Buttes » dans « le champ à Sorlin ». L'équipe locale rajeunie continua à bien se comporter dasns son championnat et les joueurs utilisèrent toujours pour vestiaire l'atelier de l'Alcide... Un progrès cependant : la présence à proximité d'une petite mare leur permit de laver les souliers terreux et parfois les cuisses, souillées de boue avant d'enfiler les pantalons.

C'est quelques années avant la guerre que le terrain appelé désormais stade municipal fut déplacé à deux kilomètres d'Orgelet à la grange à Magnin sur un vaste emplacement à surface plane parfaite, sablonneux, mais toujours orphelin de vestiaire (les joueurs se déhabillaient dans un réduit de la ferme voisine).

Evolua alors une équipe de transition avec les frères Krattinger (Zizi et André) Michaud (le « nain » et le Peter), Pierrot Vernay le coiffeur futur chef du premier réseau de résistance orgeletaine qui fut déporté, son assistant, le sensationnel gardien Milo... et déjà des plus jeunes : les Mira, Charnod... Cette équipe disparut, la plupart de ses joueurs étant mobilisés, pourtant aller avait déjà donné un aperçu du football moderne que pratiquera avec talent celle qui suivra, mais ce sera le sujet d'un prochain article.

André Jeannin
Article paru dans Le Progrès le 11 février 1996