Réjouissances pascales d'il y a quelques décennies
De tout temps, Noël et Pâques sont les fêtes religieuses les plus célébrées par le monde catholique. D'ailleurs « faire ses Pâques » est une expression populaire qui signifie que ce dimanche là ceux qui ont la foi et ceux qui l'ont moins vont à confesse et assistent à la messe. La grande différence pourtant entre les années 30 et l'année deux mille pour Orgelet, c'est que l'assistance à cette messe paraît plus nombreuse de nos jours, donc qu'il y aurait progression de la foi ; la véritable raison est le déficit des prêtres donc de nombreuses églises de villages du canton sont privées de messe pascale d'où le flux des fidèles vers Notre-Dame de Vaucluse. N'existe plus non plus ce tête à tête en confession entre le prêtre et le fidèle, avec la longue attente dans la pénombre de la chapelle, et le spectacle si intéressant de la préconfession où les acteurs essaient de se remémorer leurs péchés, les vieilles dames immobiles et silencieuses comme des statues, les enfants distraits mais comptant tout de même sur leurs doigts le nombre de fois où ils ont enfreint la loi religieuse.
Le football de Pâques
Fête de l'église, Pâques est devenue bien vite un week-end prolongé de rencontres familiales moins importantes pourtant qu'à Noël. Par contre, dans les décennies précédentes les manifestations festives - souvent sportives - étaient plus nombreuses. Pendant plusieurs années consécutives, les responsables de l'USO ont organisé au stade municipal, le dimanche de Pâques des rencontres de football entre l'équipe locale et une formation bien plus élevée qu'Orgelet dans la hiérarchie de ce sport. Ainsi Sochaux, le Racing-Club de Besançon, Annecy qui opéraient en amateurs ont été les hôtes des locaux. Il arrive qu'on retrouve pieusement conservé, un article de la presse de l'époque narrant une de ces rencontres avec un énorme titre : R.C.F.C. bat U.S. Orgelet 3 à 2 : brillante partie d'Orgelet. Suit un commentaire élogieux avec cette conclusion : « les équipiers de l'U.S.O. sont tous à féliciter pour leur magnifique partie avec une mention spéciale au trio défensif ».
Et la fête continue
Ce qu'il y avait de formidable au cours de ces rencontres, c'était le caractère festif de l'événement. Tout d'abord le vin d'honneur offert à la Grenette par la municipalité, et puis la descente au terrain des équipes en tenue, précédées de la Fanfare municipale et de la Clique, qui, à la mi-temps, interprétaient quelques morceaux de musique entraînante ; enfin la ferveur de la foule des supporters orgeletains qui, en connaisseur, encourageait les joueurs et applaudissaient les actions spectaculaires. C'était vraiment l'époque où la population vivait au rythme des performances de son équipe. Le soir évidemment, la fête continuait par le bal à la salle de la Grenette, une salle archi pleine de danseurs de tous âges, dans une ambiance sensationnelle. Les footballeurs de l'après-midi avaient les jambes lourdes, mais il était vraiment impossible de refuser une marche ou un tango à quelques-unes de leurs plus ardentes supportrices sur le terrain. Et puis, le lendemain lundi était jour férié !
Mais pas de trêve pour ceux qui pratiquaient la boule lyonnaise, car le club bouliste, par tradition, organisait ce lendemain de Pâques le concours d'ouverture à des adhérents mais aussi des vacanciers passionnés pour l'intégrale, suivant le nombre de participants, on constituait des quadrettes ou des doublettes. Un classement sur quatre parties désignait les vainqueurs. C'était vraiment un concours dit de « loisirs » joué dans le meilleur esprit sportif, suivi d'ailleurs par de nombreux spectateurs et qui se terminait toujours par un amical apéritif et une distribution de prix.
ANDRÉ JEANNIN
Article paru dans Le Progrès