Le cours complémentaire d'Orgelet pendant la seconde guerre mondiale
En 1943, le cours complémentaire d'Orgelet, l'ancêtre du collège, ne comptait que deux classes. L'une réunissait les élèves de sixième et de cinquième, l'autre les quatrièmes et troisièmes.
Dans la classe, qui regroupait les sixièmes et les cinquièmes, il y avait une majorité de filles : 18 contre 15 garçons. Ce qui était loin d'être le cas dix ans plus tôt. En effet, c'est en 1932 que les filles ont pour la première fois étaient autorisées à poursuivre leurs études au cours complémentaire. Mais à l'époque, on en comptait que quatre ou cinq. Leur arrivée avait d'ailleurs provoqué la tolère du clergé, qui désapprouvait la mixité du cours complémentaire. Les parents et les institutrices de l'école primaire (qui n'était pas mixte à l'époque) étaient également mécontents. C'est pourquoi pendant plusieurs années, ils préféraient envoyer leurs élèves les plus doués au collège Briand de Lons-le-Saunier.
En 1943-1944, cette fronde était terminée et le cours complémentaire d'Orgelet accueillait filles et garçons du chef-lieu, mais aussi d'Arinthod et de Saint-Julien-sur-Suran, qui ne possédaient pas encore ce genre d'établissement. Cependant le nombre d'élèves était restreint, car les CM2 devaient passer un examen sélectif pour entrer en sixième et les « recalés » rejoignaient l'école primaire pour préparer le certificat d'études. Le directeur (on ne disait pas encore principal) André Pégeot enseignait les mathématiques et les sciences. Il était assisté de Louis Laurent pour le français, de Madame Pégeot en histoire. Enfin Monsieur Tschaen donnait des notions d'allemand.
A cette époque, la France était occupée par les troupes allemandes et le gouvernement du maréchal Pétain pratiquait une politique de collaboration, que respectait à la lettre la délégation spéciale qui remplaçait le conseil municipal d'Orgelet, avec à sa tête un général partisan du régime de Vichy
Les écoliers devaient supporter de nombreuses contraintes liées à cette situation. Exemple : chaque début de mois, ils devaient participer au lever des couleurs en chantant l'hymne « Maréchal nous voilà ! » Certains ouvrages étaient également interdits, comme les livres de Zola par exemple qui avaient été retirés des bibliothèques. Malgré ces conditions, les collégiens travaillaient cons-ciencieusement et les succès aux divers examens furent nombreux.
André Jeannin
Article paru dans Le Progrès