Quand il y avait problème pour le ramassage des ordures ménagères

Aux entrées de l'agglomération des panneaux indiquent qu'Orgelet est une petite « Cité comtoise de caractère » grâce aux vestiges d'un passé historique prestigieux... Il a obtenu aussi la mention « Ville fleurie » par l'esthétique de ses décorations florales réalisées par le conseil municipal, les services responsables et tous les habitants. Enfin, dernièrement s'est ajouté le titre « Eco citoyen » pour sa parfaite discipline dans le tri des ordures ménagères réussi à 93 %, record dans le Jura.Cités de Caractère de Bourgogne - Franche-Comté

Petite cité comtoise de caractère, Orgelet l'a été dès son apparition dans l'histoire et comme aujourd'hui les remparts avec tours cernaient la ville, l'église avait une architecture de cathédrale et un peu plus tard, le collège gardait malgré la restauration intérieure, un aspect monacal et si les derniers pans de murs du château féodal n'existent plus, son magnifique pavage placé comme une ten-ture à l'église évoque une for-teresse importante et de puis-sants seigneurs.

Ville fleurie ! Oui, mais aujourd'hui pas à la façon d'autrefois. C'est surtout depuis que l'agglomération a débordé de son corset de remparts et que sont nés des quartiers à la périphérie que les habitants ont fleuri les fenêtres, les balcons, les murets, les parterres imités par ceux de la vieille ville sur des espaces plus restreints. Les fleurs, jadis éclabloussaient de taches multicolores, les jardins à l'orée des maisons, mais on ne les exposait pas sur les rebords de fenêtres ou les balcons exigus, alors qu'on n'hésitait pas à donner à ces endroits, une face humaine à une courge vidée de sa chair et gavée de bougies où les 13 et 14 juillet, à placer des guirlandes ou des lampions.

Il y a une cinquantaine d'années, l'écologie n'était pas encore à la mode. Mais il est vrai comment éviter à cette époque où Orgeletiavait une économie surtout agricole, où la stabulation libre n'existait pas, que les troupeaux traversent la ville pour aller paître et qu'ils se délestent de leurs « alougnes » à même les rues ou près des fontaines ? Comment empêcher les tourneries nombreuses dans la cité d'évacuer des nuages de sciure produits par les rotatives torturant le bois ? Et comment se débarrasser des ordures ménagères même si leur volume était moins important que de nos jours et que parce qu'il était de coutume de brûller dans le fourneau celles qui étaient combustibles, d'évacuer sur le pourrissoire du jardin celles qui se transformeraient en terreau, de remiser au grenier « fourre tout  raquo; les objets désuets cassés, amputés qui « pourraient encore servir »... Et puis on ne se gênait pas pour souiller la nature dans un lieu à peine retiré des pièces encombrantes (carcasses d'autos, vieux matelas). Après tout, au temps où tourneries locales étaient à leur apogée, n'étalait-on pas le « poussec », déchets d'écorce de chêne sur le plateau de « l'Étang » et plus récemment « couennaux », lambeaux bois inutiles des scieries en haut du chemin du Mont ? Aucun rapport, le poussec était ensaché par les habitants d'Orgelet, couennaux chargés dans des brouettes et serviront à alimenter le feu aux grands froids..

"Coco" le cheval et "Jean" l'employé municipal au travail pour le ramassage des ordures ménagèresLe problème du ramasse des ordures ménagères fut finalement résolu par la mairie qui le confia à un demandeur M. Decoeur qui une fois par semaine sillonnera les rues de ville avec son cheval « Coco » qui tirait une voiture à bennes. Le couple s'arrêtait devant chaque maison pour enlever le sac de plastique contenant déchets ou vider les poubelles... Une aire assez vaste était prévue chemin des Alamands pour amasser ces ordures, mais l'extension de la zone industrielle obligea de supprimer cette décharge et de la situer chemin des Moulins.

Le cheval Coco mort ce fu t le tracteur qui le remplaça... puis la ville se décida à acheter un petit camion et ce fut les employés municipaux qui se chargèrent de cette corvée. Quant aux gros matériaux inutilisables (maçonnerie, charpente) les artisans purent les abandonner des jours précis à la décharge chemin des Moulins.

De nos jours le ramasse des ordures ménagères est parfaitement organisé grâce à l'appartenance de la commune au Sydom avec tri de ces déchets. En plus, une déchetterie permet de se débarrasser de tout ce que n'admet pas les poubelles (végétaux, cartons, vieux habits, huiles de moteur...). Et puis déchetterie est devenue un Iieu de rencontre où on refait le monde dans les discussions, un peu comme au chalet autrefois.

André Jeannin
Article paru dans Le Progrès le 26 janvier 2003